image_pdfimage_print
20160423_144416

Du cénotaphe

Il est des endroits. Il est des moments.

On s’y attend, mais c’est au delà de l’attendu. Il n’y a aucune surprise, sauf peut-être le fait d’être quand même d’être profondément bouleversé.

La visite du Parc de la paix, les détails du musée, le calme du cénotaphe, l’étrange dôme, la présence d’autres bâtiments qui pour une raison inconnue ont « survécu » là où les humains ne l’ont pas fait…

Tout cela concourt à faire d’Hiroshima un endroit absolu.

J’avais ressenti des choses très fortes à deux occasions antérieures : il y a quelques années, près de Munich, en visitant l’ancien camp de concentration de Dachau. A peu près à la même époque en me rendant à Cape Coast, au Ghana.

Hiroshima n’est pas comparable, mais le point commun avec ces deux expériences est la gestion intelligente du massacre et de la mort d’une part, de la souffrance dans la durée d’autre part. Comme dans les cas précédents, la mort n’y est pas l’objectif, plutôt un effet de bord inévitable et hélas assumé.

Ainsi, Dachau n’était pas un camp d’extermination : mais la mort y était nécessaire dans l’objectif de destruction de l’autre que la barbarie nazie s’était fixée. Le camp a fonctionné au delà de la guerre : il s’est ouvert bien avant, et aurait pu continuer bien au delà.

DSCN4024

Cape Coast

Cape Coast a été l’un des principaux ports à partir desquels les esclaves ont été envoyés d’Afrique entre le 16e et le 18e siècle. Son château a vu passer plus de 3 millions de personnes : c’était une gare de triage extrêmement sophistiquée. Là encore, la mort n’était pas recherchée car celle-ci revenait à perdre une valeur marchande précieuse. Mais elle était nécessaire pour « casser » toute possibilité de résistance et donner les meilleures assurances au passage atlantique.

A Hiroshima, impossible de donner des chiffres sur le nombre de morts. Il ne fait cependant aucune doute que la quasi intégralité correspondait à des victimes civiles, avec de trop nombreux enfants et adolescents. Il est évident que leur mort n’était pas l’objectif de Little boy, mais cette mort était inévitable tant la conjonction de forces rendait impossible toute survie dans le premier cercle. Et là encore, rien d’instantané : Hiroshima vit sa douleur sur la durée. La mort a accompagné les gens qui y sont restés le 6 août 1945, mais aussi tous les survivants pendant toute leur vie.

Cette mort était nécessaire pour épargner d’autres vies, mais sans doute aussi pour éviter que le « libérateur » du Japon ne soit Staline.

Dans les trois cas, des morts nécessaires, préparées avec, hélas, une grande intelligence.

Rien de comparable, tout est toujours différent. Mais ce qui reste comparable est la douleur que l’on ressent.

20160423_144806

Des origamis du monde entier

20160423_144523_HDR

Le dôme

20160423_150505_HDR

Le dôme

20160423_144945_HDR

Le dôme

DSCN4035

Cells at Cape Coast

DSCN4031

Cape Coast